LE MOT DE CHRISTOPHE

La Compagnie Sens Ascensionnels
Christophe Moyer
Auteur, metteur en scène
de la Compagnie Sens Ascensionnels
J’essaie que “ mon théâtre ” soit, par le plaisir du jeu, une incitation à se poser des questions sur nous, notre rapport aux autres, à notre planète, à notre avenir et celui des générations futures…

« A mon sens la femme ou l’homme de théâtre sont des passeurs. Ils portent un regard sur une oeuvre, un texte, des idées, un monde dans lequel ils évoluent et parce qu’ils portent un regard dessus ils les transforment et les transmettent. Prendre un texte et son contexte et “ le faire passer dans un état nouveau ”, le mettre en scène comme on “ met ” un champ en jachère, des points sur les “ i ”, le texte en valeur… voilà ce que j’essaie de faire.

J’ai aussi le besoin d’écrire, écrire l’individu, l’individu dans son environnement, au sein d’une organisation sociale et économique. Donner sa place à l’environnement économique, qui en prend de plus en plus dans notre quotidien . Je tente de créer un lien de vie active entre le théâtre et le mouvement de la société dans lequel il s’inscrit. Pour moi, écrire ou mettre en scène implique de faire déborder le moment de la représentation, avant, après et ailleurs ; sous forme de débats, d’ateliers, de lectures, de sensations et de souvenirs, dans tout type de lieux… On m’a ouvert la porte du théâtre et on m’y a montré l’humanité en train de s’y faire opérer. Depuis, je n’ai de cesse de traverser cette porte pour l’ouvrir à d’autres, face à ce qui nous submerge, face au désarroi et au cynisme, à la démagogie et au manichéisme.

Il me semble que l’existence d’une culture humaniste et politisante, dans ce sens où elle permet la réflexion sans jugement moral, l’arrachement et le déracinement aux idées reçues et la possibilité de transformation de soi, est vitale.

Elle est vitale pour s’opposer à certaines dérives dites “ culturelles ” qui, à l’inverse, entretiennent l’enracinement, la nostalgie, le communautarisme et la satisfaction de son identité ou font la promotion d’une identité marchande et factice. Le théâtre aujourd’hui cherche sa place dans ce combat, je la cherche avec lui.

Je considère le théâtre comme une convention avec le public, qui joue sur sa conscience de ce moment partagé et de son enthousiasme à le faire. A partir de là, je dois faire le choix des codes, des styles de jeu, des références et lui donner la possibilité de les accepter ou pas. Pour ma part, aujourd’hui je cherche et je navigue autour de différents codes, de différents styles où le jeu (du langage, des idées, de la pensée… et bien sûr celui des comédiens) me semble être la pierre de base. » A celle-là, s’ajoute d’autres pierres: celle du mouvement, de la vidéo, du sons, des objets…
 
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