Synopsis
Chez les Shitz, on ne fait pas dans la dentelle. On se parle mal. Pourquoi se faire des cadeaux quand la vie nous a donné si peu alors qu’on espérait tant ? Voilà une famille où la détestation n’a d’égale que la cupidité. Le père Shitz n’en peut plus d’entretenir sa fille boulimique.
La mère rêve d’être grand-mère. La fille veut un mari et le futur mari un héritage. Les jeunes veulent se débarrasser des vieux mais les vieux ne sont pas prêts à se laisser faire. Une fois les noces âprement négociées, la guerre s’introduit dans le cercle familial et met tout le monde d’accord. Figure majeure du théâtre israélien contemporain, à la liberté de penser et de ton rare, Hanokh Levin a laissé une cinquantaine de pièces toutes plus drôles, plus folles et plus chantantes les unes que les autres. Avec cette comédie décapante écrite en 1975, Christophe Moyer poursuit sa recherche d’un théâtre qui mêle intime et politique.
Le travail des comédiens vise l’équilibre entre la simplicité et l’excès pour rester sur un fil tendu entre la dureté du propos et le comique de la farce. Le tout sur fond de music-hall, car chez les Shitz, parfois on chante: ça soulage. Et sous la brutalité du monde, affleure la mélancolie. Dépassant le contexte israëlien, Shitz est une critique au vitriol des faux-semblants de nos morales, en même temps qu’une caricature acerbe du consumérisme moderne, de son individualisme exacerbé et des conflits qu’ils engendrent. C’est aussi l’observation au scapel d’une humanité qui se débat entre ses aspirations et les moyens mis en œuvre pour les réaliser.
Le tout est un vigoureux cocktail, mélange de provocation, de grâce, de quotidien, de férocité et d’une tendresse fondamentale pour le genre humain.